mardi 15 mai 2012

En quel sens la conscience est-elle inconnaissable ?


William Hunt, le Réveil de la conscience

Quel moyen de connaissance valide[1], qui (par définition porte sur quelque chose) qui n’était jamais apparu auparavant, (pourrait faire office de preuve de l’existence) du Seigneur, le sujet connaissant, lui qui existe absolument, lui qui est en permanence apparent ? Il est comme une surface égale servant de support à la fresque bariolée de l’univers. L’associer au non-être, c’est simplement se contredire ![2] Il est l’Ancien, dont le corps est à tout moment apparent. Il est le réceptacle de toutes les connaissances certaines[3].

Un moyen de connaissance valide porte sur une apparence inédite, qui n’était pas établie. Or, cela n’est d’aucune utilité concernant le sujet connaissant, lui qui est en permanence apparent ! Car un moyen de connaissance valide porte sur des apparences inédites[4]. Ce genre de preuve est bien sûr (utile) au sujet d’autre (chose). Mais pas pour (se connaître) soi-même, puisqu’on est toujours (déjà) « prouvé ». Le Seigneur est purement et simplement le sujet connaissant, car il est indépendant des certitudes[5]. Les apparences variées constituant l’univers sont logiquement possibles (seulement) si ce (réceptacle) immuable existe. Les choses qui apparaissent en cet instant même comme autres (que lui) émergent et disparaissent en vertu de la puissance de M€y€, selon son désir. Cette essence des choses ne s’en trouve pas corrompue. En réalité, c’est lui l’existence permanente, indépendante (des choses qui dépendent d’elle). Car ce serait se contredire que de dire qu’il a été non existant « avant » (d’exister). Même lorsque l’on instruit (des disciples en disant que le Seigneur) est être ou non-être, il continue d’être le sujet connaissant. Car, en l’absence de celui qui désire instruire, l'instruction serait impossible[6].

Utpaladeva, Stances pour la reconnaissance, 2, 3, 15-16

[1] C’est-à-dire quelle preuve ou quelle contre-preuve ?
[2] Litt. « Lui dont le contact avec le « il n’y a pas » est contredite (par le fait même de le dire) ». Puisqu’on ne peut concevoir de non-être qu’à l’intérieur de l’Être.
[3] Ou « valides », prouvées, établies.
[4] Une preuve doit servir à mettre en lumière, à faire connaître quelque chose qui ne l’était pas jusque-là.
[5] Il n’est pas la conclusion d’une démonstration ou d’une perception directe.
[6] Autrement dit, même si l’instructeur qualifie parfois le Seigneur de « Non-être », le Seigneur demeure l’être même de l’instructeur, sans lequel aucun discours sur le non-être ne serait possible. Notons ici que l’Être ou l’Existence sont décrits comme désir.

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