dimanche 9 octobre 2011

Une foule terrifiante

 Kâlî, palais royal de Pattan

...(Les yoginīs qui entourent Kālī) dévorent et boivent[1] (les corps).
Elles-mêmes sans corps, elles habitent dans les corps,
Dévouées à l'adoration de Kālī. 1
Au sein de ce cercle formant
Une foule absolument terrifiante
(Où dansent) les Grandes (Déesses) mères[2],
 ....(Les yoginīs) sont l'image de la prise de conscience de soi. 2
Mais Kālī, elle, enlace Bhairava (au milieu de cette confusion).
Elle (vomit) la totalité du temps, morceau par morceau,
(Puis le dévore, car) elle est (pareille) à un ciel vide,
Elle qui n'a pas de fin, dit-on.
Elle assume les huit formes (de Śiva)[3], elle est (donc) Śivā[4]. 3
Elle est ornée des cinquante Rudra[5],
Transformée en les soixante-quatre (tantras)[6],
Elle se tient debout sur les cadavres de Brahmā,
Viṣṇu, Rudra et Īśvara, 4
De même que sur les corps de Sadāśiva,
De Mahādeva et de Bhairava en septième (et dernière position).
Ils ne sont jamais que des cadavres pour cette Déesse. 5
Parmi eux, Bhairava, cette grande terreur,
Est seul à se sentir bien.
Désireux d'entendre (la Déesse),
Celui qui a donné le Ganges (aux hommes)
Adore cette (Déesse). 6
S'emparant de ses pieds, Bhairava
Adressa  d'abord cet hymne de louange
En sa totalité à Bhairavī. 7

(à suivre) 

Tiré du Tantra qui révèle le vrai sens de la danse de Kâlî (Kramasadbhâvatantra), chapitre I : "La question du Dieu à la Déesse"
PS : les points de suspensions correspondent aux quelques lignes qui manquent au début du texte.

[1] Les corps des hommes ou leur propre corps. "Dévorer signifie prendre "conscience de" et assimiler à soi. La conscience, après avoir "émis" telle chose en elle-même, le reprend, le dissout, l'absorbe.
[2] Les huit déesses qui incarnent, notamment, les cinq sens, le mental, l'intellect et l'ego.
[3] Ces huit formes (mūrti) sont : les cinq éléments (terre, eau, feu, air, espace), le soleil, la lune et le Soi.
[4] Śiva au féminin, la "Bienfaisante".
[5] Ils incarnent, notamment, les cinquante phonèmes de l'alphabet sanskrit.
[6] Autrement dit, la Déesse, qui est la Parole, est l'alphabet qui devient les soixante-quatre tantras et toutes les formes de connaissances.

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