jeudi 17 mars 2016

Pourquoi la conscience est toujours désir




Sans conscience, rien. Et même ce "rien" est dans et par un acte de conscience qui le fait exister comme "rien". La conscience est l'immense existence qui pénètre jusqu'au néant, qui embrasse en son vaste sein le réel et l'imaginaire. 

Surtout, la conscience est synthèse, activité qui unifie, rassemble, met en relation les formes, les couleurs. Sans ce fond conscient, point de tableau, comme dit Abhinava


"L'étonnante diversité de l'univers n'apparaît que s'il existe un Maître suprême, qui est, par exigence, Lumière consciente, tout comme un tableau sur un fond (ou une toile).
En effet, si l'on prenait conscience (des choses) comme le bleu et le jaune, par exemple, isolément les unes des autres (nos) perceptions seraient enfermées dans leur objet propre, comme inertes, aveugles et sourdes au contenu des autres (perceptions), attendu que chaque chose reposerait (seulement) en soi-même."

Abhinavagoupta, Méditation sur la reconnaissance, II, p. 122

Ainsi, nous percevrions le jaune, mais seulement le jaune. Puis le bleu, mais seulement le bleu. Sans jamais parvenir à aucune perception d'ensemble. Dans le cas d'un tableau, nous ne verrions jamais l'image globale - le tableau - mais seulement des taches de couleurs, et encore...
Donc, pas de variété sans un fond unique.
Pas de dualité sans unité.

Mais ce "fond" n'est pas inerte par rapport aux choses. Il n'est pas non plus enfermé en lui-même. Il n'est pas condamnée à être soi, ou "le Soi". Sans quoi il serait aussi inerte qu'une chose matérielle. Non, ce fond est conscient, il est conscient des choses, il s'en avise. 
Or, ceci revient à dire que la conscience désire les choses. En fait, c'est elle-même qui se désire elle-même. Et c'est ainsi que, se désirant elle-même, elle devient les choses, tout en ne se réduisant à aucune d'entre elles. La conscience est donc désir d'agir, de se créer :

"Même si l'unité de la conscience est réelle,
l'action de deux choses isolées
chacune en sa manifestation
est impossible sans une conscience globale
de (leur) unité, et cette conscience
est un désir d'agir."

Outpaladeva, Stances sur la reconnaissance, II, 4 20 

Ce qui veut simplement dire ceci :
Si la conscience st sans désir, alors elle 'na rien à voir avec les choses. Mais alors, l'unité que l'on constate dans ces choses devient impossible, inexplicable : une forêt, une personne, une vie, une carotte... La conscience désire donc les choses, elle les crée en prenant conscience d'elle-même, elle els crée en se créant, elle se crée en les créant.
Car exister, c'est se faire exister,
c'est désirer se faire exister.

Et donc, désirer supprimer le désir, c'est désirer supprimer la conscience.
Contradiction qui fait partie intégrante du libre jeu créateur... 

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