lundi 11 juin 2012

Non-dualité de la parole et du silence

Selon Abhinavagupta, la conscience est Parole (vâk). 
Parole ultime, transcendante (parâ), elle est simple conscience, sans aucune articulation distincte - mais grosse de toutes les paroles articulables. Parole visionnaire (pashyantî), elle esquisse le sens des mots en une intuition globale, "comme une cité contemplée depuis le sommet d'une colline". Puis, parole intermédiaire (madhyamâ), elle est pensée articulée en soi-même, mais pas encore entièrement tributaire du souffle grossier et des points d'articulation corporels. Enfin, elle s'étale dans l'espace, rebondit et s'articule (vaikharî) dans différents points d'inflexion, depuis l'arrière de la gorge ("hhh...") jusqu'au nez ("hi hââân !"), enfin elle se perd au sommet de la tête et dans l'espace. Abhinava donne de nombreux exemples et analogues, notamment dans la Lumière des tantras. L'idée de ce schéma n'est pas de présenter un schéma abstrait ou ésotérique, mais de permettre à tout un chacun de reconnaître par lui-même l'identité de la pure conscience, de la parole, de la pensée, du désir, de l'émotion et du souffle.
Dans les pièces de dhrupad ci-dessous, l'intention de chanter est la Parole suprême. La tampourâ - le bourdon continu en arrière-plan - est la Parole "voyante" ou "visionnaire", la conscience intuitive. Le chant est la parole intermédiaire. Le tambour pakhâvaj est Parole articulée. Notons que la Parole comme intuition correspond au premier instant du désir. C'est l'instant décisif du point de vue spirituel.


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