dimanche 11 avril 2010

Un discours confus - Méthode pour l'Eveil V

Suite du texte de Śaṃkara:


9.

Le disciple a de cette manière compris les caractéristiques du Soi suprême grâce aux paroles révélée. Parce que le (maître) désire le sauver de l'océan du saṃsāra, il l'interroge : "Ô fils, qui es-tu ?"

10.

Si il répond ainsi : "Je suis un fils de brahmane de tel lignage, j'étais étudiant ou bien père de famille, maintenant je suis un ascète détaché de tout[1], qui vagabonde sans cesse, aspirant à traverser l'océan du saṃsāra infesté par les grands démons de la naissance et de la mort".

11.

Alors le maître doit dire : "Ô fils, comment peux-tu peut aspirer à traverser l'océan, alors que ton corps que voici, une fois mort, sera dévoré par les oiseaux ou bien deviendra une simple boue ? Car tu n'atteindras même pas l'autre rive d'un fleuve si tu n'es que cendre !"

12.

Si le (disciple) dit : "Je suis autre que le corps. Car le corps est engendré et tué, mangé par les oiseaux, tué par les armes, par le feu, etc. De plus, il souffre de maladies, etc. Je suis entré en lui comme un oiseau dans un nid, poussé par les actes justes et injustes (que j'ai commis dans mes existences passées). Poussé par ces mêmes actes, j'erre de corps en corps, encore et encore : dès qu'un corps périt, j'en prend un autre, tout de même qu'un oiseau se met en quête d'un nouveau nid dès que le sien est détruit. C'est ainsi que, dans ce saṃsāra sans commencement (absolu), j'ai abandonné des corps divins, humains, animaux, infernaux, selon la force de mon karman, et j'en ai assumé d'autres, toujours nouveaux, errant à cause de mon propre karman dans la roue infernale de la naissance et de la mort, tel un pot dans une persienne. Cette succession de corps est due à l'errance dans le cycle du saṃsāra. En cet océan, Ô seigneur, je suis venu à toi afin de mette un terme à cette errance ! Par conséquent, (et pour répondre à votre question), je suis toujours autre que le corps. Les corps vont et viennent, comme les vêtements d'un homme. "

13.

Le maître doit dire : "Tu as bien parlé ! Tu vois juste. (Mais alors,) pourquoi avoir tenu un faux discours (auparavant), en disant que tu es un fils de brahmane, de tel lignage, qui fût étudiant ou père de famille, et qui est maintenant un ascète détaché de tout, vagabondant de-ci de-là ?"

14.

Si le (disciple) dit : "Ô seigneur, en quoi ai-je tenu un faux discours ?"

Le maître doit lui répondre : "En ceci que dans ta déclaration selon laquelle tu es fils de brahmane, de tel lignage, etc., tu reconnais (pratyabhijñā) le Soi dépourvu de caste, de lignage, (mais)tu le reconnais) comme étant le corps qualifié par telle caste, tel lignage, (alors que tout cela est) différent (du Soi)."



[1] Un paramahaṃsa, un "cygne suprême".

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